Créer et animer un blog : les conseils de Salomé

Blog de cuisine : trouver la recette qui marche 

Salomé Jeko - Blogueuse culinaire

Salomé est blogueuse culinaire au Luxembourg. De sa passion est née Cookerei. Photo Salomé

Vous aimez cuisiner et pâtisser. Les papilles de vos convives frissonnent de plaisir à chacune de vos invitations. Sans vous prendre pour Mercotte, vous avez simplement envie de partager vos recettes préférées avec les internautes. Mais il existe pléthore de blogs de cuisine! Alors comment faire la différence? La Française Salomé, qui vit au Luxembourg, a créé son blog culinaire en 2013. Cookerei est destiné aux gourmands, avec des idées de recettes allant de l’apéritif au dessert. Explosion de saveurs garantie! Mais surtout des petits plats faciles à cuisiner. Car la blogueuse culinaire revendique une volonté de partager des recettes faciles à reproduire chez soi, et pour toute la famille. Rencontre.

Comment est née l’idée du blog Cookerei?

« Le blog est né en février 2013, à un moment où je cuisinais beaucoup: j’avais du temps pour le faire je m’en rends compte aujourd’hui. J’avais partagé quelques photos sur Facebook. Pas mal de personnes m’ont contactée pour me demander mes recettes.

Comme j’aime écrire, j’avais envie de combiner ces deux passions. Donc pourquoi pas créer un blog de cuisine? Plus pour collecter toutes mes recettes au même endroit comme un livre mais en ligne, pour que mes petits plats soient accessibles à d’autres personnes. Je n’avais pas la volonté de devenir influenceuse food. »

Quand ont commencé les premières collaborations avec des entreprises (Auchan, Le Beau Thé, De Schnéckert Traiteur, Wandertea…)? Il s’agissait uniquement de produits à gagner via des jeux-concours?

« La première année, j’étais très régulière, je postais trois recettes par semaine. Au bout d’un an, les premiers mails sont arrivés avec des propositions de collaboration du type « on voudrait vous envoyer un produit, est-ce que vous seriez intéressée pour le tester et donner un feedback ». J’ai accepté par curiosité, dans la mesure où ça me correspondait. Et il y a des produits sur lesquels je n’ai jamais donné de retour. On ne m’a jamais obligée à faire quelque chose: je ne vois pas l’intérêt d’écrire un article sur du négatif.

Un jour par exemple, on m’a envoyé un robot culinaire à tester. Je n’ai pas du tout adhéré, car je ne suis pas habituée à utiliser des robots. Donc je l’ai renvoyé. Par contre, je trouve les box food intéressantes. Je négocie des concours avec les entreprises qui les commercialisent pour que les lecteurs puissent gagner quelque chose.

Tout doucement au Luxembourg a commencé à se développer cet intérêt pour les influenceurs. Des marques locales ont commencé à me contacter avec des idées de recettes et de shop online. Je trouvais intéressant de privilégier le local.

Maintenant j’ai beaucoup plus d’invitations que je n’en accepte : déjeuners de presse, visites… Je n’ai pas suffisamment de temps à y consacrer car j’ai une activité professionnelle à côté. En même temps, je n’ai pas non plus envie d’aller trop dans cette direction, car mon blog n’a pas été créé au départ pour cela. Et je n’ai pas de regret car je ne veux pas que mon blog devienne un panneaux publicitaire pour les marques qui m’invite.

J’ai eu aussi des propositions d’articles sponsorisés, rémunérés par les marques. Ca m’est arrivé quelques fois d’accepter, j’en ai aussi refusé. Récemment par exemple on m’a proposé de faire la promotion d’une marque de viande. C’est intéressant mais j’ai refusé car je ne cuisine pas énormément de viande, ce n’est pas mon type de cuisine. »

Quelle est la recette d’un bon blog?

«Qu’est-ce qu’est un bon blog? C’est subjectif. Certains blogs culinaires que je ne trouve pas esthétiquement top cartonnent pourtant. Si ça parle aux gens, très bien, car c’est ce qui compte.

C’est surtout l’investissement qui paie, il faut être tout le temps actif et encore plus aujourd’hui. Car il y a tellement de concurrence qu’il faut être présent partout. Ca demande un temps fou! En ce qui me concerne quand je cuisine, ou que je suis au restaurant, j’ai envie d’en profiter. Je n’ai pas forcément envie de faire des stories (Instagram). Faire des photos pour le blog, les retravailler et les publier ok. Mais les diffuser ensuite sur les réseaux sociaux, ça me prend beaucoup de temps. C’est pour cela que pendant un temps j’ai suspendu le compte Instagram. Je suis de retour, mais je ne suis pas en quête d’abonnés.

Le plus important est de publier des posts de qualité, avec des recettes qui marchent, qui sont bonnes et qui donnent envie. »

Il existe tellement de blogs culinaires. Comment réussir à se démarquer?

«C’est compliqué car il y a les blogs, les comptes Instagram qui fonctionnent très bien… Il faut être honnête dans ce qu’on fait. Si on aime pas manger, cuisiner, qu’on est pas gourmand, et qu’on crée un blog culinaire juste parce que ça marche et pour être invité à des déjeuners presse, ça ne va pas marcher.

Restons chacun dans notre domaine. Je vais pas commencer à faire des looks sur Insta alors que ce n’est pas mon domaine!

Il faut garder aussi sa personnalité, et ne pas faire des recettes dont tout le monde parle comme celle de pâte à pizza à base de choux-fleur. J’ai testé. Ce n’est pas bon et ça n’a rien à voir avec une vraie pizza! Ce n’est pas le genre de cuisine que j’aime et que je partage sur le blog. J’aime ce qui est gourmand. »

Comment éviter de devenir esclave de son blog?

« A un moment je l’ai été. En 2017, je n’avais plus le même plaisir à poster. Je le faisais pour le rythme parce qu’il fallait le faire. Et c’est là que j’en ai eu marre. Ca s’est clairement ressenti sur le blog. Ensuite, je suis devenue maman. J’ai alors fait une pause et je me suis dit on est obligé de rien, on fait comme on peut. Il y a plus de 200 recettes sur le blog, donc il y avait de quoi faire tout de même… Il y a des moments où l’envie est revenue. Et d’autres fois, je voulais simplement profiter de mon repas sans devoir installer un fond, l’appareil photo…

Il faut aussi parfois accepter qu’on peut lâcher prise. Encore une fois, ce n’est pas mon métier. A un moment, il faut prioriser les choses et préserver le plaisir. »

Donnez-nous votre recette préférée?

« Je n’ai pas une recette préférée. Car j’ai aimé toutes les recettes que j’ai postée. J’aime bien donner des idées de plats simples, auxquels on ne pense pas. C’est juste un produit qu’on choisit auquel on ajoute 2-3 ingrédients, et qui donne quelque chose de bon.

Je ne publie pas toutes mes recettes, comme les gâteaux d’anniversaire de mon fils. Dont je suis fière, mais qui reste quelque chose d’intime.

Ma cuisine évolue aussi. Je tends de plus en plus vers une cuisine qui magnifie un bon produit, comme les carottes au four. Il n’y a rien de compliqué! Et cette recette fonctionne très bien.

En ce moment, je préfère les recettes pour les enfants car c’est un triple plaisir : être avec mon fils, cuisiner et avoir un chouette résultat. »

Vanessa Perciballi