Compte piraté ou bloqué sur Instagram : ça arrive aussi aux influenceurs

Pour Catherine Hélène Vilhem, influenceuse basée en Moselle, l’aventure Instagram a viré au cauchemar en août 2021. Son compte affichant plus de 30K a été purement et simplement bloqué. “C’est un compte que j’ai créé il y a 9 ans. Début 2021, j’ai commencé à avoir des soucis techniques. Je ne pouvais plus modifier mon profil, ni ma photo de présentation… Je pensais que c’était un bug lié aux mises à jour”, confie la jeune femme, qui fait partie de Brune agency, agence d’influence au Luxembourg. Catherine cherche des solutions sur internet, se rend compte qu’elle n’est pas la seule à avoir ce problème. Mais rien n’y fait. Au point de ne plus avoir accès à son compte Instagram, qui existe toujours d’ailleurs. Sa communauté se mobilise : abonnés, utilisateurs, influenceurs de l’agence Brune… “J’ai eu beaucoup de contacts qui m’ont donné des trucs à essayer.”  

Bien entendu, la passionnée de mode vintage a tenté de joindre Instagram pour résoudre le problème. Mais impossible d’avoir quelqu’un au bout du fil. 

Dévastée, Catherine a décidé de réagir. “C’était une période horrible. Mais j’ai préféré utiliser mon énergie pour tout recommencer.” En trouvant d’abord un emploi, car depuis 2 ans, Catherine vivait de son activité d’influenceuse. “Certains contrats rémunérés ont été annulés.” 

Et c’est ainsi qu’est né @catherinevilhem, son nouveau compte Instagram qui affiche actuellement 14 K.

Victime de hacker

Le compte Instagram d’Ilham Moudnib a été piraté début novembre 2021. Copyright Agathe DUCHESNE

Ilham Moudnib, chef pâtissière originaire de Strasbourg et établie à Rennes, a été la victime de hacker. L’ancienne candidate de l’émission télévisée Masterchef a vu son compte affichant plus de 10K piraté en novembre dernier. “J’ai demandé la certification de mon compte. J’ai reçu un message, que je croyais être envoyé par Instagram. Et quand j’ai cliqué sur le lien, c’était trop tard.”

Ilham signale l’usurpation d’identité à la gendarmerie, tente – vainement – de joindre Instagram, et se retrouve seule face à cette situation inextricable. “Je ne suis pas de nature négative, même quand il y a des couacs.” La pâtissière crée un nouveau compte et l’alimente rapidement pour retrouver sa communauté. “Avoir plus de 10 000 abonnés, c’est important pour les marques et pouvoir se faire rémunérer.” Par chance, les partenariats en cours n’ont pas été suspendus. “J’étais en négociation avec une marque, et ils ne m’ont pas lâchée », témoigne la consultante. Une belle marque de confiance, d’autant que début décembre, une amie d’Ilham est parvenue à “libérer” son compte. 

Quelle solution envisager?

Marine Profeta a créé Brune agency au Luxembourg. Elle réalise des campagnes d’influence pour le Luxembourg, la Belgique et la région Grand-Est.

“Psychologiquement, c’est le genre de situation qui est difficile à gérer”, résume Marine Profeta, fondatrice de Brune agency, première agence d’influence au Luxembourg. “C’est la 3e personne à qui cela arrive au sein de l’agence.” Un compte Instagram, c’est du temps, de l’argent, et une plateforme sur laquelle “beaucoup de business se fait”. Et quand Instagram fait la sourde oreille aux problèmes de ses utilisateurs, que faire?

“Tout miser sur Instagram n’est pas forcément la bonne idée. Quand on est un professionnel, même si les réseaux sociaux sont importants, le site web reste le moyen digital le plus sûr”, poursuit Marine Profeta. D’où l’importance d’avoir une bonne stratégie éditoriale. 

Quand il s’agit de marketing d’influence, forcément ça se complique. “On utilise pas du tout Facebook. C’est surtout Instagram et TikTok”, insiste Marine.

Alors comment se prémunir de ce genre d’incident sur Instagram? “Il faut toujours sauvegarder ses contenus en dehors d’Instagram. De toute façon, quand on est expert, le contenu est d’abord validé par le client puis publié.”

Les créateurs de contenu ont aussi un rôle de sensibilisation à jouer auprès de leur communauté. “Les influenceurs ne sont pas juste là pour vendre des choses. Ils peuvent aussi donner des conseils sur la manière de créer du contenu,  de l’améliorer”, assure Marine.

Catherine, de son côté, a décidé de ne garder que le positif de cette désagréable expérience. “J’avais sûrement des abonnés fantômes, qui n’étaient plus actifs, qui n’interagissaient plus. Ceux qui étaient actifs m’ont retrouvée, grâce aux copines aussi qui ont partagé l’info. Heureusement qu’elles étaient là!” Son audience a changé. L’occasion de prendre du recul et de repenser son contenu. “Avant j’attachais beaucoup d’importance à Instagram. J’y passais plus de temps pour avoir moins de résultats.” Sur le feed de Catherine, on découvre à présent, avec plaisir, plus de Reels que de photos. Un format dans lequel elle ne se sentait pas à l’aise jusque là. “Les vidéos sont mises plus en avant sur Instagram. Et je trouve que c’est plus naturel. Ca enlève une distance qu’il peut y avoir derrière les photos.”